vendredi 5 août 2011

DÜN - Eros (1981)

SAB 001

Je ne reviendrai pas sur l'état de mon exemplaire, ça n'est pas sur ça qu'il faut juger la musique, heureusement...
"Achetez notre disque s'il vous plait..."
étant donné la rareté de l'objet (typique autoproduit français à 1000 exemplaires), il faudra s'en contenter sauf quitte à redébourser au moins 30 fois plus que ce que ça m'a coûté (à noter que la version CD sortie en 2000 chez Soleil Zeuhl est épuisée). "Eros" est une pièce de collection presque obligatoire pour tout progueux qui se respecte (non pas que je revendique le fait d'être un progueux :P) mais il faut quand même prendre soin de garder un peu d'esprit critique après les avalanches de superlatifs qui accompagnent généralement les descriptions de cet album. L'oeuvre se retrouve généralement classée dans la Zeuhl (confusion entretenue par le label qui s'est occupé de sa ressortie...) bien que la ressemblance avec Magma ne soit guère flagrante en dehors de certains passages particuliers présentant un caractère répétitif/incantatoire, ou mettant la basse en valeur (principalement dans "Bitonio"). D'ailleurs il n'y a pas de chant à proprement parler chez Dün (tout juste quelques onomatopées par-ci par-là, ou la scansion du mot "Eros" pendant quelques secondes dans le morceau du même nom...). Les ressemblances sont plutôt à chercher vers les groupes RIO (soi-disant que Dün a été en pourparlers avec Etron Fou Leloublan pour intégrer officiellement le collectif, ce qui n'a pas abouti à cause d'un management incompétent...), ou parmi les "grands modèles" anglais vers Gentle Giant pour le côté très (voire trop) compliqué de l'écriture. Car ce qui frappe avec ce groupe est que, comme c'était un peu le cas aussi chez les américains de However, leur principale qualité (la perfection de l'interprétation) devient leur principal défaut tant leurs compositions (4 plages très variées de presque 10 minutes chacune) finissent par donner l'impression de ne servir que de justification à cet étalage de virtuosité, sans révéler une personnalité singulière, et au risque même de verser dans la caricature. Ce n'est pas de la Zeuhl, c'est du prog progressif de progueux. Mention spéciale au batteur (Laurent Bertaud) qui rivalise avec les Vander et Bruford (il y a un break dans "Arrakis" qui permettrait aux personnes intéressées de se dispenser d'une grande quantité de leurs disques de library - à ce sujet je n'ai pas entendu dire que Dün ait déjà été samplé, et pourtant il y aurait largement matière à ça car la musique est très riche au niveau des rythmes et il y a des bruits, en particulier de synthétiseurs, presque invraisemblables que je ne crois pas avoir jamais entendus ailleurs). A noter aussi la flûte omniprésente qui ne fait néanmoins pas trop penser à Jethro Tull (ou à la rigueur époque "Passion Play"), et un percussionniste supplémentaire faisant partie du groupe à la période de l'enregistrement (Alain Termol, absent sur les bonus de la version CD...) donc il y a aussi du vibra(xylo?)phone qui traîne à pas mal d'endroits, sans que ça ne rappelle trop non plus Ruth Underwood ou Mireille Bauer (souvent il accompagne ou double les mélodies de la flûte, ceci explique peut-être cela).

C'est un album dont les aspects techniques laissent forcément sur le cul. C'est déjà bien, mais il lui manque quand même un petit quelque chose au niveau de l'émotion.

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